Carole Freynet-Gagné : l’engagement communautaire comme moteur de vie

Recevoir un Prix Riel est toujours un moment marquant. Pour Carole Freynet-Gagné, la surprise fut totale : « J’étais en réunion quand le téléphone a sonné, raconte-t-elle. Normalement, je ne réponds pas, mais là, j’ai vu SFM… »

Le sentiment dominant? De l’émotion, mais aussi une profonde gratitude : « Au début, je ne comprenais pas pourquoi. Puis j’ai réalisé que c’était l’ensemble de mon engagement qui était reconnu. C’est encore plus touchant. »

Depuis sa jeunesse dans la petite ville de Sainte-Anne, Carole Freynet-Gagné ressent le pouvoir de l’action collective. « J’ai grandi dans une communauté où, si tu voulais faire quelque chose, on t’encourageait à t’impliquer et à le faire, raconte-t-elle. Très jeune, j’ai alors appris qu’on pouvait faire une différence. »

Et cet ancrage communautaire ne l’a jamais quittée. Ce sentiment de pouvoir faire une différence, la force d’avoir un impact, c’est devenu un moteur de vie. « Et je crois qu’il m’a portée toute ma vie. »

Depuis, les engagements de Carole Freynet-Gagné sont innombrables, autant sur le plan communautaire dans notre Manitoba francophone, qu’à l’échelle de la francophonie internationale. Pour elle, cet investissement – notamment dans de nombreux conseils d’administration, comme celui du Centre de la francophonie des Amériques – n’a jamais été un fardeau.

Au contraire, c’est une source d’énergie. « Pour certains, aller à une réunion, c’est épuisant, compare-t-elle. Pour moi, c’était comme aller prendre un café avec des amis. C’était mon cercle social, ma façon de me ressourcer. Et puis, le muscle de l’engagement, ça se travaille! C’est en se battant pour des causes qu’on développe une véritable force intérieure. »

Toute cette implication aurait été impossible sans l’appui indéfectible de sa famille.

 « C’était un projet familial, souligne-t-elle. Mon mari, Jean-Paul, et mes filles comprenaient pourquoi je n’étais pas toujours là. Je n’ai jamais ressenti de reproches, seulement du soutien. » Une dynamique qui a contribué à faire de la francophonie une cause partagée dans son foyer.

D’ailleurs, c’est ce qui rend Carole Freynet-Gagné la plus fière. « C’est cliché, mais ce dont je suis la plus fière, c’est d’avoir élevé ma famille au milieu de la communauté, confie-t-elle. Leur avoir donné ce sentiment de responsabilité envers la communauté.

« Dans ces moments-là, je pense à Roxane Dupuis, qui était directrice générale du CJP (Conseil jeunesse provincial) pendant la jeunesse de mes filles. Je l’appelais ma mère adjointe. Parce qu’il faut du monde comme ça dans la communauté. Je lui suis très reconnaissante.

« Je suis aussi vraiment fière de mes années passées au Centre de la francophonie des Amériques, ajoute-t-elle. Je me suis toujours intéressée aux relations Canada-Québec. Quand je suis au Québec, je défends les communautés francophones, et quand je suis au Manitoba, je défends le Québec.

« Je ressens tout le temps une responsabilité de défendre l’incompris. Car c’est surtout de l’incompréhension. On a beaucoup plus de force en étant ensemble. Quand j’ai découvert la Francophonie des Amériques, j’ai ressenti un sentiment de soulagement en voyant que dans cette francophonie des Amériques, les barrières s’enlèvent. »

Au niveau professionnel, Carole Freynet-Gagné est très fière d’avoir « pris le relais de ce que Raymond Poirier avait créé et bâti avec Apprentissage Illimité, et de l’avoir amené à un autre niveau. À un moment donné, ce sera mon tour d’aller chercher la relève ».

Le flambeau que Carole Freynet-Gagné porte, celui de la francophonie manitobaine, n’est pas qu’une histoire de langue, c’est un pilier identitaire. « Si on perd le français ici, on perd une partie de qui on est. »

Pour la Franco-Manitobaine engagée, les défis d’aujourd’hui sont différents de ceux de sa jeunesse, mais tout aussi essentiels. « La communauté francophone a beaucoup changé. La diversité est une richesse incroyable, et elle oblige à réinventer notre sentiment d’appartenance. » 

En recevant le Prix Riel dans la catégorie Développement communautaire, elle ne célèbre pas seulement un parcours personnel : elle rend hommage à tous ceux et celles qui, comme elle, croient que chaque geste compte pour faire vivre la communauté francophone.


La SFM invite la communauté à célébrer les récipiendaires des Prix Riel 2025 lors de la cérémonie de remise des prix le jeudi 15 mai 2025 au TC Energy Centre.