L’histoire des Centres de ressources éducatives à l’enfance, les CRÉEs, a démarré en 2003 quand la Fédération des parents de la francophonie manitobaine (FPFM), la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) et la SFM ont formé ensemble la Coalition francophone de la petite enfance du Manitoba. L’objectif de la coalition était notamment de développer des centres où les parents pourraient passer du temps avec leur(s) enfant(s) en bas âge. C’est ainsi que des CRÉEs ont été ouverts dans plusieurs écoles de la DSFM.
« On peut y trouver plein de ressources et de programmes qui répondent aux besoins des enfants francophones âgés de 0 à 5 ans, dans toutes les dimensions de leur développement, explique Joanne Colliou, gestionnaire de la Coalition francophone de la petite enfance du Manitoba et responsable des CRÉEs. Les centres offrent des services adaptés aux besoins spécifiques de chaque enfant et famille. »
Parmi les programmes proposés par les CRÉEs, on retrouve notamment le programme Bébé en santé, pour les femmes enceintes et les parents d’enfants de moins d’un an. « À Winnipeg, le programme est offert une fois par semaine. Dans les zones rurales, il est proposé une fois par mois. Ce programme est un exemple concret de l’engagement des CRÉEs à soutenir les familles dès les premiers stades de la vie de l’enfant », détaille Sylvie Collette, coordonnatrice de programmes et appui à la gestion des CRÉEs.
De nombreux partenaires pour offrir de meilleurs services
La collaboration est un élément clé du succès des CRÉEs. Avec plus de 150 partenaires à travers le Manitoba, ces centres travaillent en étroite collaboration avec les organisations locales pour favoriser le développement global des jeunes enfants. Les domaines d’intervention incluent la littératie, la numératie, la santé mentale, l’activité physique et la nutrition.
« Les CRÉEs mettent l’accent sur l’intégration sociale de l’enfant dans sa communauté, favorisant ainsi son épanouissement », explique Sylvie Collette.
La DSFM a joué un rôle crucial en permettant l’ouverture des CRÉEs au sein de ses établissements scolaires. « Cette proximité entre les centres et les écoles favorise le sentiment d’appartenance des enfants et de leur famille dès leur plus jeune âge, facilitant ainsi leur transition vers la maternelle », affirme la coordonnatrice de programmes et appui à la gestion.
La DSFM considère en effet les CRÉEs comme un lien direct entre la petite enfance et le parcours scolaire des enfants. « C’est d’ailleurs un objectif de leur plan stratégique. Par conséquent, des initiatives telles que l’encouragement de la communication précoce en français sont mises en place pour soutenir le bon développement des enfants », souligne-t-elle.
Pour répondre aux besoins des enfants, les CRÉEs s’appuient sur l’Instrument de mesure du développement de la petite enfance (IMDPE). Ce dernier est utilisé par les enseignants en maternelle pour évaluer tous les deux ans la maturité scolaire des élèves dans plusieurs domaines. « Les résultats de cette évaluation permettent d’identifier les lacunes de la petite enfance et de mettre en place des programmes adaptés pour soutenir les enfants », explique Joanne Colliou.
Au fil des années, les CRÉEs ont connu une expansion significative. « Aujourd’hui, nous avons un total de 17 CRÉEs ouverts au Manitoba, que ce soit à Winnipeg ou dans la ruralité », précise-t-elle.
Une reprise difficile
La pandémie de la COVID-19 a été un défi pour les CRÉEs, mais Joanne Colliou souligne les efforts déployés pour maintenir la qualité des services. « Les parents nous ont beaucoup remerciés pour la qualité de nos services pendant la période pandémique de la COVID-19. Nous avons essayé de maintenir nos services, notamment avec les outils en ligne. Ce qui est plus compliqué aujourd’hui, c’est de convaincre les parents de revenir faire des activités dans les CRÉEs. Nous voyons que les familles se sont habituées à rester chez elles et après la pandémie, nous avons eu du mal à les faire revenir en présentiel. »
La gestionnaire des CRÉEs rappelle que la question des programmes en virtuel est toujours un peu particulière. « Nous ne voulons pas trop exposer les enfants aux écrans, mais nous savons également que c’est un bon moyen de fonctionner pour toucher les familles éloignées des centres, notamment en zone rurale. Nous considérons tout de même que le plus important est de créer ce contact physique avec les coordonnatrices. »
Avant la pandémie, les CRÉEs enregistraient environ 30 000 visites chaque année. Pendant la pandémie, grâce à l’utilisation d’outils virtuels, ils ont réussi à toucher tout de même plus de 800 familles. « En cette année 2022-2023, les chiffres sont à la baisse, car les familles hésitent à revenir, mais on essaie de se réimplanter dans les écoles, qui avaient pour la plupart fermé durant la COVID-19. On a confiance qu’on reviendra bientôt à 100 % de nos services et de nos fréquentations », appuie Joanne Colliou.
Outre retrouver les taux de fréquentation et services prépandémiques, la Coalition a aussi pour objectif à l’avenir d’ouvrir de nouveaux CRÉEs dans des communautés éloignées qui en ont besoin, telles que Thompson, Saint-Lazare, Laurier et Saint-Claude. Joanne Colliou est fière que les écoles françaises de ces communautés aient exprimé leur désir d’accueillir un CRÉE. « Cela témoigne de l’appréciation de la communauté et des familles de la DSFM pour ces centres. »
Cependant, les défis de financement et la pénurie de personnel pourraient entraver la réalisation de cet objectif. « L’année 2022-2023, nous avons tout de même réussi à ouvrir un petit CRÉE à l’École Lacerte, mais nous n’avons malheureusement plus de fonds disponibles pour en ouvrir d’autres. »
Joanne Colliou met d’ailleurs en avant l’importance de recruter des membres de la communauté pour gérer et animer les CRÉEs. « Nous embauchons en majorité des gens de la communauté en question, car c’est la meilleure façon de bâtir une relation de confiance entre les familles et la personne qui anime le centre. Chaque coordonnatrice doit connaître sa communauté pour que les CRÉEs continuent de jouer un rôle crucial dans la vie des enfants francophones du Manitoba », conclut-elle.