Louis Tétrault : Un bâtisseur d’avenir pour la francophonie manitobaine

Comment Louis Tétrault a-t-il réagi à l’annonce de son Prix Riel? Comme pour beaucoup de grandes figures de chez nous, c’est l’humilité qui a parlé. « Ça m’a surpris, puis ça m’a un peu gêné », confie-t-il.

Pourtant, cette reconnaissance est amplement méritée pour celui qui, depuis des décennies, a façonné des institutions essentielles au développement de la francophonie au Manitoba.

Fondateur et premier président de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), Louis Tétrault a été au cœur d’une transformation historique. « Ce qui me rend le plus fier, c’est que beaucoup des projets auxquels j’ai participé sont partis de zéro. La DSFM, le CDEM, c’étaient des idées qu’on a bâties avec des gens qui partageaient les mêmes objectifs. » Voir ces institutions perdurer et prospérer aujourd’hui, trois décennies plus tard, est pour lui une source de « grande fierté et de joie ».

La création de la DSFM en 1994 reste l’un de ses souvenirs les plus marquants. Il évoque avec émotion la rentrée du 4 septembre 1994, la toute première de la DSFM :

« On avait planifié une journée de célébration, raconte-t-il. On a visité plusieurs écoles, et on faisait signer un grand drapeau franco-manitobain par tout le monde : élèves, enseignant.e.s, employé.e.s… C’était une journée inoubliable. »

Pour Louis Tétrault, cet événement symbolisait le début d’une nouvelle ère pour la francophonie manitobaine. « Quand on a commencé, je crois sincèrement que certains espéraient plus un échec qu’un succès, confie-t-il. Ça rend notre réussite d’autant plus précieuse! »

Un accomplissement qui touche Louis Tétrault encore plus aux tripes aujourd’hui. Il en parle avec beaucoup d’émotion, car jamais il n’aurait pensé voir un tel rêve se réaliser : « Bientôt, le plus vieux de mes petits-enfants va obtenir son Baccalauréat en éducation de l’Université de Saint-Boniface, puis il va enseigner à la DSFM. Une autre de mes petites-filles étudie également en éducation et envisage d’enseigner à la DSFM.

Ça, je dois le dire, c’est une immense fierté. Ça me dit : T’as bien fait de te donner cœur et âme pour ce projet-là! »

En regardant l’évolution de l’éducation française depuis la fondation de la DSFM, Louis Tétrault se dit rempli d’espoir. Il constate avec satisfaction que les jeunes d’aujourd’hui, même s’ils ne vivent pas les mêmes luttes, portent toujours une fierté pour leur langue.

« On est bien logé avec la relève, dit-il. Ils n’ont pas à se battre comme nous l’avons fait, mais ils réalisent l’importance de leur héritage. Je vois des jeunes fiers et engagés, et je suis convaincu que la langue française et les écoles françaises vont perdurer. »

Au-delà de l’éducation, Louis Tétrault a aussi profondément marqué le développement communautaire avec des organismes comme l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM) et le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM).

« On voulait prouver que le bilinguisme n’était pas un handicap, mais une valeur ajoutée, affirme-t-il. Que francophones et anglophones pouvaient travailler ensemble et que tout le monde y gagnait. »

Toujours avec beaucoup d’humilité, Louis Tétrault ne tire aucune gloire personnelle de tous ces accomplissements. Pour lui, le secret réside dans le travail d’équipe. « Une chose très importante dans mon cheminement, ce sont les gens avec qui j’ai eu l’honneur, le privilège et la joie de travailler, souligne-t-il. Beaucoup de ces gens-là sont des champions, des leaders. C’était une pure joie de travailler ensemble et de célébrer nos succès ensemble. Seul, tu vas vite, mais ensemble, tu vas loin. »

Néanmoins, à l’heure du bilan, ses pensées vont inévitablement vers ses proches. « Quand je réfléchis à toutes ces années, mon cheminement familial est aussi très important. Mon épouse et mes enfants m’ont appuyé tout le long. Sans leur appui, rien de tout ça ne serait arrivé. »

Louis Tétrault incarne l’esprit des bâtisseurs : vision, persévérance et foi en la communauté. À travers son engagement, il a contribué à ancrer la francophonie dans le paysage manitobain, mais aussi canadien, non comme une survivance du passé, mais comme une force vive tournée vers l’avenir.

En recevant le Prix Riel dans la catégorie Éducation française, il célèbre bien plus qu’un parcours personnel : il célèbre une communauté entière qui continue de s’épanouir grâce à ceux et celles qui, comme lui, ont osé et continuent d’oser rêver grand.


La SFM invite la communauté à célébrer les récipiendaires des Prix Riel 2025 lors de la cérémonie de remise des prix le jeudi 15 mai 2025 au TC Energy Centre.