Suivis de la stratégie nationale pour la sécurité linguistique

Après deux ans de pandémie, la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique fait son bilan

Au Canada, bon nombre de francophones ne croient pas assez bien maîtriser le français ou ne se sentent pas à l’aise de montrer leur accent. Le 20 mars 2020, à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie, la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) lançait donc la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique.

L’insécurité linguistique est un enjeu de taille, et c’est pourquoi cette stratégie a été lancée depuis maintenant deux ans dans l’ensemble des provinces du Canada, coïncidant avec le début de la pandémie de la COVID 19.

« La stratégie a été lancée au moment où les effets de la pandémie sont apparus dans la société, ce qui a eu malheureusement pour conséquence de freiner la réalisation de nombreux objectifs, explique Derrek Bentley, directeur général du Conseil jeunesse provincial (CJP) au Manitoba. Au CJP, on représente le Manitoba dans la Stratégie nationale. Notre objectif est d’augmenter la sécurité linguistique dans les communautés, surtout celles en situation minoritaire. La FJCF est un organisme parent du CJP. »

Le CJP utilise donc la Stratégie nationale pour mettre en place de nouvelles pratiques ou en améliorer certaines, dans le but d’appuyer non seulement les jeunes, mais aussi l’ensemble des générations pratiquant le français.

Une stratégie en quatre axes lancée par les jeunes

La Stratégie nationale pour la sécurité linguistique fonctionne autour de quatre grands axes : l’éducation, le marché du travail, l’axe culturel et médiatique, et enfin l’axe des politiques publiques.

Derrek Bentley explique comment les jeunes ont la possibilité de faire évoluer les choses en s’appuyant sur cet outil : « L’initiative de cette stratégie vient tout d’abord des jeunes, mais elle s’adresse à tout le monde. Au Manitoba, le fait qu’on parle de la sécurité linguistique dans le plan stratégique communautaire montre bien que c’est un enjeu essentiel pour beaucoup de monde, quels que soient notre âge ou notre situation ».

L’importance de parler de notre sécurité linguistique

Le directeur général du CJP insiste sur l’importance de toujours parler de la sécurité linguistique dans les communautés : « Pour moi, c’est la clé. Plus on va en parler, plus on va arriver à voir des solutions créatives, et plus on va pouvoir les mettre en place. Juste en discutant, on est tellement plus ouvert et conscient de comment nos actions individuelles peuvent avoir un impact positif ou négatif sur la sécurité linguistique des personnes.

« C’est très important de voir de la positivité dans cet enjeu communautaire. D’ailleurs, on parle de la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique, et non pas de la Stratégie nationale pour combattre l’insécurité. Au CJP, on veut rassurer les gens, notamment en posant des gestes concrets pour augmenter cette sécurité-là dans toutes les sphères de la francophonie. »

Le CJP fait le bilan de ses projets réalisés pendant la pandémie

Même dans les endroits avec peu de francophones, le CJP a toujours voulu créer un contexte et des endroits favorisant l’usage du français.

« Pendant la pandémie, nous avons été obligés d’innover en termes d’activité. Par exemple, nous avons lancé le projet Notre langue, à ma manière, à travers notamment la création d’une journée d’action pour engager les gens et les écoles, leur faire découvrir des ateliers pédagogiques, des capsules vidéo, et créer un slogan poplur mettre l’emphase sur l’importance de la sécurité linguistique et la nécessité d’en parler, » explique Derrek Bentley.

« Même si on a organisé des activités virtuelles pour combattre cette insécurité, nous n’avons pas pu organiser nos événements en présentiel donc c’était tout de même difficile de toucher beaucoup de personnes. Souvent, quand on reste à la maison avec sa famille ou que les jeunes font l’école à la maison, on n’a pas vraiment l’occasion de mettre en place ces pratiques en français et de travailler sa sécurité linguistique, parce que les interactions sociales sont très limitées. »

Difficile d’imaginer, quand la Stratégie nationale a été lancée en mars 2020, qu’une grande partie des personnes allaient devoir rester chez eux. « C’est pourquoi ces prochains mois vont être décisifs, poursuit Derrek Bentley. Cela va être une phase de relance importante pour la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique. Nous sommes dans une période plus propice à la création d’événements et activités. »

Des partenaires qui appuient une vision globale

« Au CJP, nous sommes vraiment fiers de mettre en place cette stratégie au Manitoba et de l’appuyer à 100 % en mettant en place des solutions. Je tiens à souligner que le gouvernement canadien et le Manitoba nous aident beaucoup à réaliser cette stratégie. Non seulement ils nous ont souligné que c’était important de la réaliser, mais ils nous ont aussi alloué des ressources, notamment financières, pour la mettre en place, souligne Derrek Bentley.

« Pour nous, la Société de la francophonie manitobaine a également été un partenaire privilégié car cette stratégie vise toute personne pratiquant le français. De notre côté au CJP, on aborde les choses en tant que personnes jeunes, mais les solutions qu’on propose s’adressent à l’ensemble de la communauté. Il est important que les gens sachent que les jeunes peuvent inspirer et créer des changements pour l’ensemble de la communauté. Ce partenariat appuie cette vision globale. »

Dans les mois à venir, le CJP va continuer d’appuyer la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique en organisant des forums communautaires, notamment dans les écoles, et en créant des espaces où les gens peuvent se sentir en confiance pour travailler leur français.