L’Université de Saint-Boniface (USB) a mené à la fin de l’année 2020 une consultation sur l’engagement, la santé et le bien-être de la jeunesse d’expression française au Manitoba.
Christian Perron, directeur du recrutement et des services aux étudiants à l’USB, explique l’initiative du projet : « Dans le cadre du plan stratégique de l’USB 2013-2018, un des quatre axes portait sur « Engagement et communauté ». Au cours de l’année 2017-2018, le vice-recteur Peter Dorrington et moi avions échangé régulièrement sur deux nouvelles réalités sur notre campus.
« La première était que les étudiants ne semblaient plus prendre le temps de vivre pleinement l’expérience étudiante. Ils arrivaient pour suivre le cours et partaient ensuite. La deuxième était que les étudiants échangeaient de moins en moins spontanément en français à l’extérieur de la salle de classe, dans des cadres sociaux. Nous avons donc décidé de mener une consultation communautaire auprès des jeunes d’expression française afin de mieux comprendre ces deux dynamiques.
« Étant soutenus dans ce projet par Patrimoine canadien, nous avons remarqué qu’il y avait de possibles synergies à explorer avec la Société de la francophonie manitobaine (SFM), car la notion d’engagement communautaire figure dans le plan stratégique communautaire.
« Nous nous sommes entretenus avec l’équipe de la SFM, notamment Jean-Michel Beaudry, directeur général adjoint, et avons conclu ensemble qu’il y avait bel et bien de bonnes raisons de faire liaison dans la réalisation de ce projet. »
Comprendre l’engagement des jeunes
L’objectif de cette consultation était de comprendre le portrait des jeunes engagés au Manitoba : « L’étude a donc porté sur l’engagement des jeunes de 15 à 25 ans. Pas seulement la population étudiante sur notre campus, mais aussi ceux et celles qui sont susceptibles d’en faire partie dans un futur proche », explique Christian Perron.
« Nous avons mené cette étude en pleine pandémie, alors ce n’était pas évident de toucher les jeunes de manière efficace. Nous avons décidé de discuter avec des groupes témoins avant d’envoyer un sondage en ligne à une plus large population. Cela nous a permis de ne pas envoyer de sondage de façon impersonnelle et de clarifier nos questions en fonction des résultats. »
Le sondage a été envoyé en décembre 2020. Son titre : Qu’est-ce qui t’allume?
« On voulait vraiment susciter l’intérêt des jeunes avec ce nom accrocheur, souligne Christian Perron. Les questions thématiques portaient sur la raison de l’engagement des jeunes, ce que cela signifiait pour eux. Nous avons également voulu savoir quelles avaient été leurs expériences en tant que jeunes engagés et comment ils voulaient être reconnus pour cela. Enfin, savoir quel avait été l’impact de leur engagement sur leur bien-être et leur santé mentale. Au total, nous avons eu près de 300 répondants, ce qui a rendu la consultation valable et efficace. »
Des réponses surprenantes par les jeunes non-engagés
La consultation sur l’engagement et le bien-être a été réalisée à la fois auprès de jeunes engagés, mais également non-engagés, qui représentaient 20 % des 300 répondants.
« Les résultats montrent qu’il y a plusieurs éléments qui pourraient motiver les jeunes non-engagés à s’engager, comme le besoin d’avoir plus de temps libre, d’avoir de la flexibilité dans leur participation, de faire une activité qui leur plaît vraiment, et enfin de se sentir accepté tout en se faisant des nouveaux amis, rapporte Christian Perron.
« Nous avons donc identifié plusieurs défis qui pourraient expliquer pourquoi ces jeunes ne sont pas encore engagés, comme des horaires qui peuvent être contraignants, la gestion de leurs études en parallèle de leurs activités extrascolaires, mais également un lieu d’habitation en région rurale qui peut créer des obstacles dans les déplacements.
« La conclusion de l’étude au niveau des jeunes non-engagés, c’est que leur non-engagement ne résulte pas d’un manque de volonté ou d’une paresse. Il y a des moyens de répondre à ces obstacles et de transformer les défis en engagement, avec de la programmation. »
Des effets sur le bien-être des jeunes engagés
Plusieurs motivations ont été mentionnées dans les réponses des jeunes engagés sur le pourquoi de leur engagement. Tout d’abord, la participation à des causes qui les interpellent, qui sont importantes pour eux, comme par exemple l’égalité des genres, l’environnement, l’emploi ou les causes sociales.
Ils aiment aussi participer à des activités où ils peuvent faire de vraies différences, avec des enjeux nationaux et internationaux, comme les Jeux de la francophonie canadienne. Mais également pouvoir partager des moments avec des personnes qui partagent des valeurs et des intérêts similaires.
Enfin, pouvoir se relaxer, bouger tout en apprenant des autres avec créativité.
« Dans l’ensemble, les jeunes engagés veulent faire partie de projets de qualité, organisés avec professionnalisme, souligne Christian Perron. Mais la réponse la plus surprenante a porté sur comment les approcher pour qu’ils s’engagent : la majorité des jeunes aime qu’on les interpelle directement dans la rue ou sur les réseaux sociaux. La jeunesse aime la communication directe et franche.
« Dans l’ensemble, les résultats ont montré que l’engagement amène de la reconnaissance et du bien-être. Les jeunes engagés ont répondu qu’ils se sentaient être de meilleures personnes, que l’engagement avait un impact positif sur leur santé mentale et leur vie sociale, et qu’ils avaient un sentiment d’appartenance à un groupe. De plus, le sentiment de reconnaissance pour avoir fait une activité amène un bien-être. »
Christian Perron veut se servir des résultats de la consultation pour mieux appréhender les futurs élèves de l’USB. « Mon objectif avec cette étude est de comprendre la population étudiante actuelle et potentielle de l’USB.
« Mais la consultation est également utile à toute la communauté, et c’est pourquoi la SFM nous a accompagnés dans ce processus. On a pu voir que les jeunes d’expression française sont vraiment prêts à s’engager si on leur montre l’exemple, si on crée un environnement à leur image, et si on sait comment leur dire merci. »