Le parcours inspirant et atypique de Zita Somakoko, récipiendaire du Prix Entreprenariat au Gala Noir et fier

Zita Somakoko a un parcours des plus atypiques. Un parcours bien à elle, ponctué de ce qu’elle appelle des « missions divines ». « Ce que j’ai entrepris au fil de ma carrière, ce n’était pas laissé au hasard. Ce n’était pas préparé non plus, mais cela a toujours eu un sens. C’étaient des appels, des missions divines. »

Au départ, Zita Somakoko, qui est originaire de la République centrafricaine, devait être médecin. Son père, ainsi que tout son entourage, la voyait comme quelqu’un de « prêt à soigner tout le monde. C’est ce que j’aurais dû être, dit-elle en retraçant son parcours. Peut-être que si je n’avais pas été fâchée avec mon père, je serais devenue médecin. J’étais toujours première de quelque chose à l’école, mais il ne m’a jamais dit Bravo, ou Félicitations. Je cherchais à avoir une réaction de lui ».

Pour aller à l’encontre du patriarche, et pour forger son propre chemin, Zita Somakoko décide donc d’aller faire des études de droit, contre toutes attentes. « Mon père voulait que je sois médecin, mes professeurs, eux, voulaient que j’aille vers les sciences politiques. Mais moi, au fond, je voulais vraiment étudier les relations internationales. C’est ce qui m’intéressait. Mais ça n’existait pas là où j’étudiais, en Guinée. Alors, j’ai choisi de faire du droit. »

Après quatre années en droit, finalement, Zita Somakoko entreprend quand même des études en lien avec la médecine et devient docteure en pharmacie. C’est aux États-Unis, où elle a ensuite émigré, qu’elle continue sa carrière. « J’ai travaillé avec une équipe de grands chercheurs. On était 15, j’étais la seule femme dans l’équipe, et il y avait juste deux hommes noirs. »

Victime de violence domestique, Zita Somakoko est passée par des moments personnels difficiles. Elle-même raconte, avec pudeur, comment elle a été sans abri à New-York, avec sa fille. Elle a également été sans abri au Minnesota. Puis elle est arrivée au Canada comme réfugiée, en 2007. Son expérience avec la violence conjugale a poussé Zita Somakoko à créer des ressources et des services pour aider les autres victimes.  

« J’ai travaillé tellement fort dans les moments difficiles pour trouver mon petit chemin, je veux maintenant aider les autres à trouver le leur! Aujourd’hui, j’ai créé un réseau d’entraide pour tous mes amis immigrants. Je me sers de tout ce que j’ai appris. Mon plus grand accomplissement, c’est ça : c’est quand je vois de jeunes adultes s’accomplir malgré tout ce qu’ils ont traversé. »

Comme on l’a souvent décrite, « She was born a recruter ». Aujourd’hui, Zita Somakoko est cheffe de six entreprises, dont Strat HR Solutions, une plateforme de gestion des ressources humaines, mais aussi de formation. « C’est une autre spécialité avec laquelle je suis tombée en amour, raconte-t-elle. J’ai commencé à apprendre une chose sur les ressources humaines, et puis il fallait que je connaisse tout de ce domaine! À l’époque, je suis devenue consultante, en plus de mon travail à temps plein. Il fallait bien que j’aie deux salaires, en tant que mère célibataire de trois enfants. »

C’est avec beaucoup d’humilité que Zita Somakoko parle de ses succès et de son rôle comme cheffe d’entreprise aujourd’hui. Elle ne souhaite pas se mettre en avant. « Ma publicité, ce n’est pas moi. Ce sont les gens que j’aide, que je guide. Je leur montre le chemin, et ce sont eux le moteur de mon travail. »

Zita Somakoko est également la fondatrice et la présidente de la Chambre de commerce de la communauté noire du Manitoba (Black-Manitobans Chamber of Commerce). C’est la deuxième femme au Canada à avoir fondé une chambre de commerce, et la première femme noire.

Noir et fier est une initiative de Wilgis Agossa et du Théâtre Cercle Molière dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs.